Une équipe de chercheurs français, soutenue par la Fondation ARC, s’intéresse à un virus capable d’induire la mort d’un type de cellules de cancer pancréatique particulièrement agressif.
L’incidence du cancer du pancréas est en augmentation depuis plusieurs années et, en 2023, environ 16 000 nouveaux cas étaient diagnostiqués. Or, seules 10 à 20 % des tumeurs sont détectées à un stade où elles sont encore opérables. Quand la pathologie est diagnostiquée à un stade tardif, les cellules tumorales ont une nature dite « mésenchymateuse », propice à la dissémination et à la progression du cancer. A ce stade, la tumeur est généralement inopérable et les solutions thérapeutiques disponibles aujourd’hui restent malheureusement encore trop souvent peu efficaces. Identifier de nouvelles stratégies face à ces cancers avancés est une priorité de recherche.
Dans leur laboratoire, Margaux Vienne et le reste de l’équipe de Pierre Cordelier, que nous soutenons à hauteur de 500 000 euros, ont montré qu’un virus (le virus minute de la souris), touchant plusieurs espèces animales mais inoffensif pour l’Homme, est capable d’infecter des cellules de cancer de pancréas humain ayant justement ce caractère agressif de type « mésenchymateux ». Cette infection entraîne la mort des cellules cancéreuses et donc une diminution du volume tumoral dans un modèle expérimental in vivo.
D’après leurs résultats, cette mort cellulaire est imputable à l’infiltration de cellules immunitaires au sein de la tumeur après infection par le virus. Ainsi, l’infection serait à l’origine d’une stimulation du recrutement de cellules immunitaires – tant de l’immunité adaptative que de l’immunité innée* – et permettrait de préserver les lymphocytes T de l' »épuisement ». Cet épuisement est normalement provoqué par les checkpoints immunitaires, des points de contrôle qui servent normalement à empêcher l’emballement de certaines réactions de défenses et que les tumeurs détournent pour « endormir » les lymphocytes susceptibles de les reconnaître et de les détruire.
Bien que le chemin soit encore long avant une potentielle utilisation en clinique, ces découvertes ouvrent une voie thérapeutique prometteuse pour les formes les plus agressives de cancer du pancréas. Compte tenu de son effet sur le système immunitaire, les chercheurs pensent qu’il pourrait être intéressant de combiner l’infection des cellules tumorales par le virus minute de la souris avec des immunothérapies.
* immunités innée et adaptatives sont des réponses successives de notre organisme face aux agents pathogènes ou aux cancers. La première est immédiate et la seconde plus lente mais plus spécifique. Les deux font intervenir différents types de cellules immunitaires qui coopèrent.
16 000 : C’est le nombre de cas de cancers du pancréas diagnostiqués en 2023
2,7 millions d’€ : C’est le montant alloué à la recherche dans l’édition 2023 de l’appel à projets « Pancréas » de la Fondation ARC