Il y a un an débutait l’essai Triplex, qui vise à mettre en place la culture d’organoïdes tumoraux à partir de biopsies de cancer du sein triple négatif. Le but : tester des traitements sur ces « tumoroïdes » et, demain, offrir un traitement personnalisé aux patientes.
La révolution de la médecine de précision est en cours. Aujourd’hui, de plus en plus de maladies, y compris les cancers, sont concernées : on cherche à apporter au patient une solution personnalisée, un traitement sur mesure. L’une des pathologies étudiées sous ce nouveau prisme est le cancer du sein triple négatif. « On dénombre plus de 60 000 nouveaux cas de cancers du sein par an en France, resitue George Émile, oncologue au centre François-Baclesse de Caen. Parmi eux, 10 à 15 % sont des “triple négatif”, c’est-à-dire que les cellules tumorales n’expriment à leur surface ni les récepteurs aux hormones, ni le récepteur HER2. Or ce sont ces récepteurs qui sont visés par les thérapies ciblées qu’on utilise en clinique aujourd’hui. En conséquence, le taux de guérison est plus faible, et le taux de rechute plus important. » Environ un tiers des patientes ne répondent pas au traitement. D’où la nécessité d’explorer d’autres voies, plus ciblées, plus personnalisées.
Les organoïdes ont ce potentiel. Ces structures cellulaires miment l’architecture et la fonction d’un organe, ou d’une tumeur – on parle alors de tumoroïde. « On place les cellules de la tumeur recueillies par biopsie dans une matrice extracellulaire avant d’ajouter un milieu de culture et on obtient des tumoroïdes au bout de deux à trois semaines », résume Louis-Bastien Weiswald, chercheur au sein de l’unité Anticipe, à Caen. Bref, la tumeur de la patiente est partiellement reproduite ex vivo. Cela permet notamment de tester des traitements. Caen jouit d’une reconnaissance internationale dans ce secteur.