La Netrine-1 est une protéine qui, en théorie, est surtout exprimée par les tissus lors du développement embryonnaires. Elle est sécrétée par les cellules qui la produisent et stimule la survie, la prolifération et la migration des cellules qui la captent. De multiples études ont montré qu’elle était surexprimée dans différentes tumeurs agressives et que le fait de l’entraver pouvait être une piste thérapeutique à explorer. Ainsi, dès 2016, le laboratoire lyonnais de Patrick Mehlen, associé à plusieurs équipes de recherche, publiait les premiers résultats obtenus avec un anticorps bloquant la Netrine-1 qu’ils venaient de mettre au point. Celui-ci semblait alors capable d’agir sur la progression tumorale, in vitro et in vivo. Sept ans plus tard, au cours de cet été 2023, deux nouveaux articles ont été publiés par l’équipe lyonnaise et ses collaborateurs. Ces deux publications rendent encore un peu plus concrète cette nouvelle piste thérapeutique.
Dans ces travaux, les chercheurs ont décrypté de façon approfondie les mécanismes d’action de l’anticorps anti-Netrin1 (baptisé NP137). Ils montrent que la molécule bloque un mécanisme appelé « transition épithélio-mésenchymateuse », c’est-à-dire le passage – pour les cellules concernées – d’un état « épithélial », c’est-à-dire différencié, fonctionnel, à un état « mésenchymateux », correspondant plus à celui d’une cellule souche non différenciée et capable de proliférer. Cette transition (TEM), bien connue des chercheurs en cancérologie, est l’une des étapes clés de l’évolution d’un cancer, puisqu’elle implique souvent une perte de sensibilité des cellules aux thérapies.