Acteur majeur de la cancérologie en Auvergne-Rhône-Alpes, le CLARA (Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes) accompagne et soutient chaque année des projets structurants en cancérologie (prévention, dépistage, traitement, accompagnement…). Parmi ces projets, FASTRACS, qui vise à développer, implanter et évaluer une intervention pour faciliter la reprise du travail, le maintien dans l’emploi ainsi que la qualité de vie au travail après un cancer du sein.
FASTRACS, un projet singulier
Coordonné par Jean-Baptiste Fassier, médecin du travail et chercheur au laboratoire UMRESTTE (Université Claude Bernard Lyon 1), et associant le Groupe d’Etude en Psychologie Sociale de l’Université Lyon 2 (GRePS), l’équipe d’accueil Health Services and Performance Research (HESPER) et le Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (LBBE), ainsi que le département « Cancer environnement » du centre Léon Bérard, le projet FASTRACS s’attache à analyser dans sa globalité la question du retour à l’emploi après un cancer du sein.
L’une des forces et originalités de ce projet est de s’appuyer sur une méthodologie particulière (Intervention Mapping) impliquant l’ensemble des acteurs concernés par la problématique. Ainsi des structures institutionnelles (telles que l’Agence Régionale de Santé, la Métropole de Lyon, le CLARA et la DIRECCTE) et associatives (Europa Donna, la Ligue contre le Cancer), des entreprises, des patientes et des médecins, participent activement à la recherche.
Focus sur les premiers résultats du volet «entreprises» : trois phases analysées
Les premiers résultats du projet ont identifié trois grandes phases d’analyses :
- Pendant l’arrêt de travail
- Préparation à la reprise du travail
- Après la reprise du travail
Suite à l’évaluation des besoins, une revue de la littérature est en cours pour identifier les cadres théoriques en sciences humaines et sociales les plus adaptés (en psychologie sociale, de la santé, du travail, en sociologie, etc.). Le Comité stratégique de l’étude, qui inclut tous les partenaires concernés (patientes & associations, professionnels de la santé, entreprises et institutions) sera associé au choix des cadres théoriques puis à l’élaboration des différentes composantes de l’intervention dont la faisabilité sera testée (réadaptation, soutien psychologique, soutien social, intervention en entreprise).
Cela permettra de formuler le modèle logique théorique (mécanismes d’action) et opérationnel (processus) d’une intervention innovante permettant de décloisonner la prise en charge sanitaire, sociale et professionnelle après un cancer du sein. La faisabilité de ce programme sera testée auprès des populations concernées (patientes, professionnels de santé, entreprises). Les étapes suivantes seront d’implanter ce programme à l’échelle territoriale de la métropole lyonnaise et d’évaluer son efficacité.
Ce projet FASTRACS mobilise, avec l’aide d’associations et de professionnels de santé, de nombreuses participantes:
- 30 femmes ont participé à des entretiens et des « focus group »
- 40 patientes participeront à l’essai pilote sur la faisabilité d’une intervention
- 200-300 patientes participeront à la dernière phase d’étude interventionnelle
Les retombées potentielles du projet
Le projet FASTRACS a pour ambition de formuler, d’appliquer et d’évaluer les préconisations qui pourraient améliorer le retour à l’emploi après un cancer du sein, parmi lesquelles :
- L’anticipation
Exemples :
- Identifier dès la phase des traitements actifs (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) les patientes en situation de fragilité sociale et/ou professionnelle pour lesquelles des difficultés pour reprendre et conserver leur travail peuvent être anticipées dès le début de leur prise en charge
- Proposer de façon systématique une visite de pré-reprise auprès du médecin du travail suffisamment en amont pour permettre à l’employeur d’organiser les aménagements nécessaires du poste et/ou des horaires de travail
- La création de liens entre les acteurs
Exemples :
- Proposer aux patientes un outil de liaison leur permettant de partager, avec leur accord, les informations nécessaires à la reprise du travail et à l’aménagement du poste de travail, entre les cancérologues hospitaliers, le médecin traitant et le médecin du travail
- Élaborer et diffuser auprès des professionnels de santé des recommandations de bonnes pratiques en termes de partage de l’information pour les patientes nécessitant un reclassement professionnel, leur proposer un outil de liaison faisant le lien entre le médecin du travail, le médecin-conseil de la sécurité sociale, et les acteurs du maintien dans l’emploi (MDPH, SAMETH, etc.)
- Pour les entreprises, proposer la création d’un réseau d’échange d’expériences permettant aux employeurs d’échanger sur les bonnes pratiques en entreprise pour la réintégration et l’accompagnement des salariées après un cancer (la direction régionale du travail – DIRECCTE – vient d’octroyer au projet un budget de 12 000 €, pour l’organisation de deux séminaires auprès des très petites entreprises et des entreprises de taille intermédiaire)
- La formation et information des acteurs de l’entreprise (superviseur, collègues et DRH)
- Une meilleure utilisation des dispositifs existants (temps partiel, remplacement, aménagements de poste)
- Guider chaque acteur et l’outiller en fonction de ses préoccupations et des différentes phases (ex-patientes, collègues, superviseur, professionnel de santé) et ceci selon si l’on est pendant le traitement, avant ou après la reprise du travail.
Le financement du projet
Le premier financement obtenu par le projet FASTRACS date de 2015, lorsque celui-ci a été lauréat de l’appel à projet nommé OncoStarter. Ce projet a donc été initié en janvier 2016 avec une dotation de 40 000 €.
En 2016 également, le projet alors lauréat de l’appel à projet RISP (Recherche Interventionnelle en Santé des Populations) de l’Institut National du Cancer (INCa) a été financé à hauteur de 30 000 €.
Dans le cadre du programme de soutien «Projet structurant» proposé par le CLARA, le projet FASTRACS bénéficie d’une nouvelle enveloppe de 100 000 € grâce à la Métropole de Lyon.
Enfin, en 2017 FASTRACS vient également de recevoir un financement de 12 000 € de la DIRECCTE dans le cadre du 3ème Plan Régional de Santé au Travail (PRST3).
POUR SUIVRE LE PROJET FASTRACS SUR TWITTER : @FASTRACS_projet