Directeur de recherche au CNRS, Marc Billaud travaille dans l’équipe « Modèles cliniques et expérimentaux de lymphomagénèse » du Centre de Recherche sur le Cancer de Lyon (CRCL). Il est responsable du Département Sciences Humaines et Sociales du Centre Léon Bérard. Il préside la section « Physiologie, vieillissement et tumorigenèse » du Comité National de la Recherche Scientifique et est membre du collège des innovations biomédicales du cancéropôle CLARA.
Son parcours
Après un Diplôme d’étude approfondie (DEA) en biologie moléculaire, il rejoint, en 1987, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), à Lyon, pour travailler sur le virus d’Epstein-Barr et les cancers associés. Il obtient son doctorat en 1990, puis suit une formation postdoctorale à l’Université d’Harvard puis au Massachusetts Institute of Technology à Boston, en oncopédiatrie et en biologie du développement. Il crée en 1994 une équipe de recherche travaillant sur les formes familiales de cancers endocrines dans une Unité Mixte de Recherche CNRS/Université Lyon1 située sur le Campus Rockefeller à Lyon. Il assure la direction de cette Unité de 2000 à 2010. Ce laboratoire sera l’une des Unités lyonnaises de cancérologie à l’origine du CRCL. Durant 5 ans, il est responsable d’une équipe de recherche à l’Institut des Biosciences avancées (IAB) à Grenoble puis rejoint en 2015 une équipe du CRCL travaillant sur les lymphomes. Il a travaillé sur la fonction biologique des suppresseurs de tumeur PTEN et LKB1. Depuis son retour au CRCL, il explore le rôle de la reprogrammation métabolique au cours de la lymphomagenèse.
Marc est actuellement responsable du nouveau Département des sciences humaines et sociales créé au Centre Léon Bérard (CLB). Avec ses collaborateurs, il travaille sur les transformations socio-économiques apportées par l’implantation de la médecine de précision en oncologie.
- Votre projet LYMPHOME L6 a été lauréat en 2016 du programme OncoStarter du Cancéropôle CLARA, que vous a apporté cette année de soutien ?
Dans le cadre d’un programme financé par la Ligue Nationale Contre le Cancer, nous avons identifié une nouvelle famille de molécules appelée Mitosélectines, qui agissent comme des inhibiteurs de la chaîne respiratoire mitochondriale. Ces molécules sont issues d’un criblage pharmacologique réalisé à l’IAB visant à identifier des composés exerçant une activité cytotoxique sur les cellules déficientes pour le suppresseur de tumeur LKB1. Ce projet est poursuivi dans l’équipe de Gilles Salles et Laurent Genestier au CRCL et il est mené conjointement avec ma collaboratrice Martine Cordier-Bussat avec le concours d’Eric Fontaine à Grenoble. Le programme Oncostarter a été essentiel pour démontrer l’activité anti-tumorale, in vitro et in vivo, d’une de ces molécules, appelée L6, et pour obtenir des informations précieuses sur les doses utiles chez la souris ainsi que sur sa métabolisation.
- Votre projet est désormais soutenu dans le cadre du sélectif programme de prématuration du CNRS. Quelles sont les perspectives de valorisation imaginées ?
L’obtention du programme pré-maturation du CNRS n’aurait pas été envisageable sans le travail réalisé en amont grâce à Oncostarter. Nous allons maintenant pouvoir explorer de manière plus approfondie les propriétés pharmacocinétiques de ces molécules, mieux caractériser les tumeurs qui sont sensibles en les stratifiant sur des critères génétiques et métaboliques et préciser leurs modes d’action. On sait aujourd’hui que les mécanismes de chimiorésistance s’accompagnent fréquemment d’une reprogrammation du métabolisme et nous souhaitons étudier l’effet des Mitosélectines dans cette situation. En fonction des résultats obtenus, il sera aussi possible de synthétiser des analogues qui pourraient être plus efficaces in vivo. Un brevet a été déposé pour protéger ces molécules. Il faut insister sur le fait que ces recherches se développent dans un contexte international très dynamique puisque de nouveaux inhibiteurs de la chaîne respiratoire sont testés dans des essais cliniques et ce programme va nous permettre de nous maintenir à ce niveau de la compétition.
- Chose peu courante pour un chercheur en biologie, vous êtes également coordinateur du département SHS du Centre Léon Bérard, pouvez-vous nous en dire plus sur cette trajectoire ?
A l’issue de mon baccalauréat, j’ai obtenu une licence en sociologie à l’Université de Grenoble. Les connaissances que j’ai acquises ont été déterminantes dans ma formation personnelle. J’ai bifurqué après vers la biologie, mais les questions liées à la sociologie de la santé et à l’épistémologie ont continué à me passionner. J’ai toujours souhaité concilier ces deux centres d’intérêt à un moment de mon parcours professionnel et l’opportunité m’a été offerte il y a 3 ans par Patrick Mehlen (Directeur du CRCL) et Jean-Yves Blay (Directeur général du CLB) et Marina Rousseau Tsangaris (Secrétaire général de la recherche du Centre Léon Bérard), qui m’ont proposé de fédérer les activités SHS du CLB. Cela a abouti à la création d’un Département SHS au sein duquel travaillent des chercheurs en économie, géographie de la santé, histoire du médicament, psychologie ainsi que des oncologues. Il va prochainement bénéficier du concours d’une chercheuse ou d’un chercheur qui sera recruté(e) sur une chaire de l’INCa, soutenue par le LYriCAN, l’Université de Lyon et le Cancéropôle CLARA. Au sein de ce Département qui s’est associé récemment au laboratoire « Parcours santé systémique », nous travaillons sur la question de l’accès aux soins innovants en cancérologie et aux inégalités économiques et territoriales qui conditionnent le déploiement de l’oncologie de précision.