Muriel Le Romancer, DR2 INSERM de 52 ans, dirige l’équipe de recherche « Signalisation des hormones stéroïdiennes et cancer du sein » au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon. Elle a obtenu son doctorat à l’université Paris 7 en 1993. Recrutée à l’INSERM en 1995, elle a effectué son postdoctorat à l’université de Manchester (UK) de 1995 à 1997. En 2002, elle rejoint l’unité INSERM U590 (Lyon) dirigée par Alain Puisieux puis est devenue chef d’équipe au CRCL en 2016. Elle a été experte pour la Fondation Arc cancer (2014-2018) et pour la ligue contre le cancer (comité de l’Hérault). Cette année, elle a été nommée experte du comité cancer de la fondation de France.
Vous avez été lauréate du prix Ruban Rose catégorie Avenir, quels aspects de vos projets de recherche allez-vous pouvoir développer grâce à ce prix ?
Mon équipe travaille depuis de nombreuses années sur le récepteur des œstrogènes et nous avons apporté une contribution majeure dans la compréhension de la signalisation des œstrogènes dans le cancer du sein ainsi que l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques.
Le prix ruban rose va nous permettre de développer un nouveau projet au sein de l’équipe sur le rôle des glucocorticoïdes dans les cancers du sein triple-négatifs. En effet, récemment plusieurs études ont montré que les glucocorticoïdes utilisés en prémédication de la chimiothérapie pour leurs propriétés anti-inflammatoires et antiémétiques, participent au développement de métastases et à la résistance aux traitements. Nous allons chercher à comprendre par quels mécanismes moléculaires les glucocorticoïdes exercent ces effets d Le but final sera d’identifier des cibles thérapeutiques qui permettraient d’inhiber spécifiquement les effets délétères des glucocorticoïdes en maintenant les effets bénéfiques.
Le Cancéropôle CLARA a soutenu dans le cadre du programme OncoStarter et soutient actuellement un projet preuve de concept en partenariat avec une entreprise de la région, votre projet nommé isoADC. Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet, le partenariat et les perspectives en termes de recherche que ces soutiens vous permettent de concrétiser ?
Depuis plusieurs années nous travaillons sur un variant du récepteur aux œstrogènes, ERα36. Cet isoforme issu d’un épissage alternatif est exprimé principalement à la membrane des cellules tumorales mammaires indépendamment de la présence du récepteur des œstrogènes. ERα36 est un facteur de mauvais pronostic associé au développement de métastases et à la résistance aux thérapies endocriniennes.
Grâce au programme Oncostarter obtenu en 2015, nous avons développé un anticorps polyclonal dirigé contre ERα36 et à confirmer sa valeur pronostique dans le cancer du sein. Plus récemment, nous avons obtenu un financement PDC et un PRTK afin de développer des anticorps monoclonaux anti-ERα36 qui permettront de produire des immunoconjugués (ADCs) qui pourront être utilisés en clinique comme nouvel outil thérapeutique. Ce projet est développé en partenariat avec la société Covalab (Villeurbanne) spécialisée dans le développement des anticorps monoclonaux et le couplage de drogues aux anticorps.
Quelles sont les perspectives d’évolution de votre équipe au Centre Léon Bérard ?
A partir de janvier 2021, mon équipe va quitter le CRCL et rejoindre l’unité INSERM UA8, « Radiations, défense, santé et environnement », dirigée par Nicolas Foray. Au sein de cette unité multidisciplinaire située au Centre Léon Bérard, nous continuerons à travailler en collaboration avec les pathologistes, les oncologues et les radiothérapeutes dans le but de développer de nouveaux outils thérapeutiques qui pourront être testés au Centre Léon Bérard.