Le professeur CROUZET est spécialisé en onco-urologie avec un intérêt particulier dans les traitements mini invasifs (Coelioscopique, robot, HIFU, cryothérapie).
Il a réalisé ses études de médecine à l’université Claude Bernard, Lyon 1, UFR Grange Blanche et réalisé son internat au CHRU de Lille.
Après un Fellowship à la Cleveland Clinic, il a réalisé son clinicat dans le service d’urologie et chirurgie de la transplantation de l’hôpital Edouard Herriot de Lyon.
Nommé professeur en 2015, il poursuit ses recherches sur les traitements mini invasifs des cancers urologiques avec obtention récemment d’un financement de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour la réalisation du RHU (Recherche Hospitalo-Universitaire) PERFUSE, visant à évaluer et améliorer le traitement focal du cancer de la prostate.
Vous êtes le coordinateur du projet de Recherche Hospitalo-Universitaire en santé, dénommé « Personalized Focused Ultrasound Surgery of Localized Prostate Cancer » (PERFUSE). Quels en sont les objectifs ? Quels partenaires participent à ce programme ?
L’objectif global de Perfuse est d’évaluer et d’améliorer les méthodes de thérapie focale par ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) dans le cancer de la prostate, et de proposer un ensemble cohérent d’innovations pour permettre un traitement personnalisé et plus rationnel. D’un côté le projet vise à optimiser et standardiser le diagnostic via l’élaboration d’un outil d’aide à la décision médicale à partir de méthodes d’analyse semi-automatique des clichés IRM, et via le développement de nouvelles approches pour la mesure de l’élasticité des tissus prostatiques. De l’autre côté, Perfuse a pour mission l’amélioration des performances thérapeutiques grâce aux innovations apportées à la stratégie de traitement et dans la technologie des transducteurs ultrasonores. Ce programme ambitieux s’appuie sur les synergies mises en place entre deux laboratoires académiques (LabTAU et CREATIS) deux centres hospitaliers (les Hospices Civils de Lyon et le Centre Léon Bérard) et deux compagnies privées (EDAP et VERMON).
Trois essais cliniques sont actuellement en cours pour évaluer le traitement par ultrasons focalisés de haute intensité dans le cancer de la prostate. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le principe du traitement focal par HIFU est de détruire le ou les foyers cancéreux présents dans la glande tout en préservant un maximum de tissu prostatique sain afin de réduire le risque d’effets secondaires. Dans le cadre du RHU Perfuse trois essais cliniques visent à évaluer l’efficacité d’un tel traitement dans des situations distinctes, tous ouverts aux inclusions.
HIFUSA est une étude randomisée, multicentrique, s’adressant à des patients atteints d’un cancer de la prostate de faible risque mais avec une taille de cancer significative. Les patients sont recrutés auprès de 14 centres français et prochainement un centre suisse, tous experts en traitement HIFU. L’objectif principal de cette étude est de montrer que, chez ces patients, le traitement focal par HIFU d’emblée permet de réduire le recours à un traitement radical à 48 mois par rapport à la surveillance active.
FOCALE est une étude multicentrique s’adressant à des patients atteints d’un cancer de la prostate de risque intermédiaire localisé à un seul lobe. Les patients sont également recrutés auprès de 14 centres français et prochainement un centre suisse, tous experts en traitement HIFU ; les mêmes que pour l’étude HIFUSA. L’objectif principal de cette étude est d’évaluer, après traitement par HIFU-Focal, le contrôle local du cancer dans la zone traitée à 12 mois.
PSMA est une étude de faisabilité de l’utilisation de l’imagerie hybride TEP-IRM/68Ga-PSMA pour le traitement HIFU-focal en cas de récidive de cancer de prostate après radiothérapie. Il s’agit d’une étude mené uniquement à l’Hôpital Édouard Herriot de Lyon en partenariat avec le CERMEP.
Le CLARA accompagne depuis de nombreuses années la recherche sur les ultrasons focalisés à des fins thérapeutiques en oncologie. Les expertises lyonnaises sont reconnues aujourd’hui tant sur le plan médico-scientifique qu’industriel. Quelles sont pour vous les perspectives dans les années à venir dans ce domaine ?
Tout d’abord avancer dans les recommandations thérapeutiques grâce aux études cliniques permettant de proposer ce type de prise en charge à tous les patients éligibles. En effet, ce type de prise en charge étant encore en évaluation, elle est réalisée uniquement dans le cadre d’étude clinique. Si nos études démontrent un contrôle oncologique satisfaisant, cela permettra de proposer en routine des prises en charge moins lourdes et moins pourvoyeuses d’effet secondaire vis-à-vis des prises en charges actuelles radicales.
De plus, les améliorations de l’imagerie IRM, du guidage thérapeutique permettront une meilleure standardisation des pratiques et donc des résultats. L’apport de l’intelligence artificielle harmonisera également les interprétations d’IRM prostatique afin d’améliorer les diagnostiques globalement.
L’objectif est donc d’offrir le meilleur diagnostic possible aux patients afin de leur proposer un traitement « à la carte » de leur cancer avec le moins d’effet secondaires possible.